Ministère de la Santé et des Services sociaux

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Situations traumatiques

Traumatisme spinal

Indications

Tout mécanisme pouvant entraîner une lésion médullaire traumatique.

Objectifs de soins

Identifier les patients nécessitant une restriction des mouvements spinaux (RMS).

Prévenir le risque d’aggravation d’une potentielle lésion médullaire traumatique.

Interventions

Limiter les mouvements spinaux du patient. Si l’axe spinal peut être maintenu en position neutre sans l’intervention du paramédic (patient à « A-V-P-U »), ce dernier peut lâcher la tête du patient.

Évaluer le besoin de restriction des mouvements spinaux (RMS) (voir Appendice A : indications à la restriction des mouvements spinaux [RMS]). Si la RMS est indiquée, poursuivre à l’étape suivante. Dans le cas contraire, la RMS (le protocole) n’est pas effectuée.

Appliquer un collet cervical.

Effectuer le ou les déplacements afin de se rendre à la civière, en considérant les principes suivants :

  • Patient debout :
    • Considérer la mobilisation autonome du patient afin d’obtenir la position assise (ex. : civière, civière-chaise, etc.) (voir Appendice B : mobilisation autonome en contexte de RMS) :
      • Si la mobilisation autonome n’est pas indiquée, utiliser la technique de descente rapide afin d’obtenir la position couchée.
  • Position assise :
    • Considérer la mobilisation autonome du patient afin d’obtenir la position debout (voir Appendice B : mobilisation autonome en contexte de RMS).
      • Si la mobilisation autonome n’est pas indiquée (ou contre-indiquée), appliquer les principes suivants afin d’obtenir la position couchée :
      • Basculer le tronc du patient vers l’arrière;
      • Si le patient est instable, effectuer une évacuation/sortie rapide;
        OU
        Si le patient est stable, utiliser le K.E.D.MD (ex. : sortie de véhicule).
  • Position couchée :
    • Favoriser l’utilisation de la civière à aubes afin d’éviter le retournement en bloc.

Installer le patient en position couchée sur la civière (retirer le matériel d’extraction, si utilisé) :

  • Si le patient est à « A-V » : l’installer directement sur le matelas de la civière;
  • Si le patient est à « P-U » : l’installer dans un outil d’immobilisation.

Remarques

Installation du patient sur le matelas de la civière

À moins d’une situation particulière, le patient doit être installé en décubitus dorsal (sans oreiller) et l’ensemble des ceintures doivent être installées, bien ajustées.

Agitation/non-collaboration

Si le patient est trop agité (ex. : clientèle pédiatrique, TCC, etc.), ne pas forcer la RMS par une immobilisation mécanique. Favoriser une approche en douceur afin de limiter les mouvements spinaux.

Difficulté respiratoire

Chez le patient présentant une difficulté respiratoire, le dossier de la civière peut être légèrement relevé afin de le soulager.

Perméabilité des voies respiratoires

La perméabilité des voies respiratoires est prioritaire à la protection spinale :

  • Lors de l’installation d’un collet cervical ou en présence de ce dernier;
  • Lors de vomissements :
    • Si le patient est sur le matelas de la civière et que deux intervenants sont présents, retourner le patient (en bloc). Le dossier de la civière doit être relevé en position assise, seulement si un intervenant seul est présent;
    • Si le patient est dans un outil d’immobilisation, retourner le patient (en bloc);
    • Le collet cervical peut être détaché temporairement.
  • Lors de la ventilation ou de l’intubation, le basculement de la tête du patient avec soulèvement du menton est acceptable, si la subluxation de la mâchoire est inefficace.

Utilisation du matelas immobilisateur

En plus du patient sur civière à « P-U », l’utilisation du matelas immobilisateur peut aussi être pertinente pour les situations suivantes :

  • Femme enceinte ≥ 20 semaines qui doit être inclinée vers la gauche;
  • Lors d’une évacuation difficile ou prolongée;
  • Lors de la suspicion d’une fracture pelvienne;
  • Favoriser le confort (ex. : fractures multiples des extrémités).

Particularités de la RMS et de la mobilisation autonome pour la clientèle pédiatrique

Pour l’enfant de 4 ans ou plus, les paramédics doivent considérer les indications à la RMS et à la mobilisation autonome. Pour l’enfant de moins de 4 ans, utiliser un outil d’immobilisation dès la prise en charge initiale.

Si la mobilisation autonome est indiquée, l’enfant peut être installé directement sur le matelas de la civière.

Si un outil d’extraction ou d’immobilisation est utilisé, considérer les particularités anatomiques propres à la clientèle pédiatrique afin d’assurer le maintien de l’axe spinal du patient en position neutre.

Il est préférable de laisser l’enfant dans le siège d’auto (avec harnaie) pour le sortir du véhicule, et ce, à la condition que son état soit stable, qu’il soit alerte et qu’il ne présente pas de détresse ou d’insuffisance respiratoire. Ajuster l’angle du siège d’auto afin de maintenir ses voies respiratoires ouvertes (évitant ainsi une flexion de la tête). Si l’intégrité de la structure du siège d’auto présente une atteinte ou que la condition clinique de l’enfant ne le permet pas, ce dernier doit être déplacé sur un outil d’immobilisation. Note : le siège rehausseur n’est pas un outil d’immobilisation approprié.

Douleur lombaire isolée

Le collet cervical n’est pas requis si le seul critère indiquant la RMS est une douleur lombaire.

Positionnement de la tête dans l’axe spinal

La présence d’une douleur, d’une résistance ou d’une particularité morphologique (ex. : torticolis pédiatrique, cyphose ou spondylarthrite ankylosante) peut rendre inappropriés le positionnement de la tête en position neutre (ou habituelle pour le patient) ou l’installation du collet cervical. Dans ces situations, l’utilisation du matelas immobilisateur ou de rembourrage est à favoriser afin de transporter le patient en position de confort.

Lors d’une technique de mobilisation en bloc, le paramédic doit maintenir manuellement l’axe spinal.

Prise en charge du patient déjà immobilisé

Lors de la prise en charge par le paramédic d’un patient qui a été immobilisé par un secouriste ou un PR, le paramédic se doit d’évaluer la pertinence de maintenir l’immobilisation.

Retrait de l’équipement de protection

Pour le retrait du casque protecteur ou pour tout autre équipement sportif, se référer à la technique Retrait d’équipements de protection (patient).

Pour les techniques d’extraction, d’immobilisation, de déplacement et de mobilisation autonome dans un contexte de RMS, se référer à la technique Déplacement avec restriction des mouvements spinaux (RMS).

Appendice A : indications à la restriction des mouvements spinaux (RMS)

La RMS doit être appliquée dès que l’une des indications suivantes est rencontrée :

  • Patient instable
  • Facteurs pouvant altérer l’appréciation clinique du patient :
    • L’intoxication confirmée ou présumée (ex. : alcool, drogue ou médicaments);
    • L’âge préscolaire (< 4 ans);
    • Un score sur l’échelle de Glasgow ≤ 14;
    • Une altération de l’état mental :
      • Confusion aiguë (ex. : TCC);
      • Confusion chronique sévère (ex. : trouble neurocognitif) ou exacerbée;
      • Déficience intellectuelle sévère;
      • Agitation/non-collaboration.
    • Un trouble de la communication (ex. : langue étrangère, aphasie, enfant non verbal).
  • Douleur distractrice : 
    • Présence d’une douleur sévère qui détourne l’attention du patient.
  • Douleur ou une sensibilité spinale (spontanée ou lors de l’appréciation clinique) :
    • Le cou (douleur antérieure et/ou postérieure) ou la présence, pour la clientèle pédiatrique, d’un torticolis (posture de la tête inclinée d’un côté), ou d’une attitude de protection;
    • La colonne dorsale ou lombaire, jusqu’à 5 cm de part et d’autre de la ligne médiane.
  • Déficit neurologique de novo, moteur ou sensitif, présent ou disparu :
    • Paresthésie, dysesthésie (ex. : sensation de brûlure), parésie, paralysie.

Exception : La RMS n’est pas indiquée en présence d’un traumatisme pénétrant de type rectiligne (ex. : piqué par un couteau, atteint par un projectile d’arme à feu, etc.) de la région centrale, et ce, même en présence d’un déficit neurologique. Par contre, si ce traumatisme pénétrant est associé à un traumatisme contondant, la RMS demeure indiquée.

Appendice B : mobilisation autonome dans un contexte de RMS

Indications

  • Mobilisation autonome de la position assise vers la position debout (incluant la sortie du véhicule);
    OU
  • Mobilisation autonome de la position debout vers la position assise (ex. : civière, civière-chaise, etc.).

Contre-indications pour la position assise vers la position debout

  • Patient instablevoir la note *;
  • Douleur distractricevoir la note *;
  • Facteur pouvant altérer l’appréciation cliniquevoir la note *;
  • Déficit neurologique de novo, moteur ou sensitif, présent ou disparuvoir la note *;
  • Incapacité à suivre les consignes;
  • Douleur induite (ou augmentée) par la technique ou douleur incompatible avec celle-ci.

*Voir Appendice A : indications à la restriction des mouvements spinaux (RMS)

Remarques :

Position assise vers la position debout

Le patient doit être positionné de façon à avoir un angle d’environ 90° au niveau des hanches et au niveau des genoux. Ses pieds doivent pouvoir être déposés au sol sans impact.

Position debout vers la position assise (ex. : civière, civière-chaise, etc.)

Le déplacement doit s’effectuer par pivot ou, si c’est impossible, en faisant quelques pas sans obstacle.

Dernière mise à jour : 26 mars 2024, 13:41

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